Accueil Actualités Les liens inextricables entre la Tunisie et la France : Les tribulations des Franco-Tunisiens face à la loi sur l’immigration

Les liens inextricables entre la Tunisie et la France : Les tribulations des Franco-Tunisiens face à la loi sur l’immigration

Le Parlement français suscite des préoccupations au sein de la communauté tunisienne. Cette législation renforce les procédures et mesures liées à l’immigration, ayant un impact direct sur la vie des ressortissants tunisiens. Le durcissement des règles soulève des interrogations quant aux droits et à l’avenir des Tunisiens en France. Cette évolution législative controversée alimente un débat croissant sur la scène publique, mettant en lumière les implications potentielles sur la communauté et l’immigration tunisiennes. Les Tunisiens expriment des inquiétudes quant aux conséquences à long terme de ces changements, accentuant ainsi la tension autour de cette loi.

Selon les données de l’Office des Tunisiens à l’étranger l’OTE, la diaspora tunisienne se profile comme une communauté de 2 millions 540 mille personnes, dont une proportion significative de 49% a élu domicile en France. Parmi ces résidents, les deux tiers possèdent la double nationalité, tissant ainsi des liens considérés comme inextricables et d’une importance cruciale entre la Tunisie et la France.
Au sein de l’Hexagone, la présence tunisienne atteint un nombre estimé à 1 million 383 mille personnes. Cependant, cette communauté franco-tunisienne se trouve au cœur d’une problématique complexe, englobant des questions cruciales de mobilité, de titres de séjour, de motifs de migration, et d’éloignement du territoire. Les récentes évolutions consécutives au vote de la loi immigration ont jeté cette population dans une tourmente qui secoue actuellement la France, générant des divisions palpables au sein des partis politiques et de la population.
La loi sur l’immigration, considérée comme une «victoire idéologique» par certains parlementaires, a engendré un profond malaise dans les milieux économique et universitaire. L’abandon de la régularisation automatique des travailleurs sans papiers a directement touché une part substantielle des migrants actifs en France. Les mesures concernant les étudiants tunisiens sous statut d’étrangers, jugées «indignes» par les directeurs d’écoles et d’universités, menacent l’attractivité de l’enseignement supérieur français chez nos jeunes qui se transforme en cauchemar et fils interminables devant le TLS qui n’attribuent plus les visas malgré les sommes faramineuses déboursées et jamais remboursées. Un business lucratif que les Tunisiens en quête de voyage d’étude ou autres en France qualifie de vol.

La diaspora tunisienne, un tissu complexe au cœur des enjeux migratoires franco-tunisiens

Dans un élan diplomatique, Anne Guéguen, ambassadrice de France fraîchement accréditée en Tunisie depuis le 27 décembre dernier, a souligné la vigueur des liens entre la France et la Tunisie. Mettant des chiffres concrets au cœur de son discours, elle a mis en avant l’ampleur de la coopération franco-tunisienne. Selon ses déclarations, cette coopération s’incarne dans des chiffres significatifs : 14.000 étudiants tunisiens poursuivent leurs études en France, bénéficiant d’un budget conséquent de près de 2,5 millions d’euros dédié à la coopération universitaire et scientifique en 2024. Cette enveloppe englobe notamment 1 million d’euros dédié aux bourses destinées aux étudiants tunisiens. Le volet scientifique n’est pas en reste avec un financement annuel de 770.000 euros pour la mobilité des chercheurs entre les deux nations. Sur le plan linguistique, 18.000 personnes en Tunisie apprennent le français, tandis que 18.000 élèves font partie du réseau d’enseignement français en Tunisie, dont les 2/3 sont Tunisiens.
Cependant, derrière cette façade positive, la réalité pour les Franco-Tunisiens installés en France est tout autre. Les espoirs du rêve français se voient écornés par des positions controversées, notamment à travers des votes de lois sur l’immigration, incluant la déchéance de la nationalité française. Ces décisions accentuent un malaise grandissant et alimentent un sentiment d’exclusion parmi cette communauté en quête des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. La loi sur l’immigration est devenue un enjeu majeur dans la politique française, les travailleurs étrangers, dont les Tunisiennes et les Tunisiens, étant perçus comme le «bouc émissaire» des flux migratoires. Une crise diplomatique s’est développée autour du rapatriement des voyageurs illégaux tunisiens, soulevant des interrogations sur leurs conditions de vie et sur la gestion incontrôlable du flux migratoire depuis la crise économique en Tunisie.
Pourtant, Patrick Martin, président du Mouvement des entreprises de France, le Medef, a clairement déclaré : «Ce ne sont pas les chefs d’entreprise qui réclament massivement l’immigration, c’est l’économie elle-même». Martin a insisté sur la nécessité, d’ici à 2050, d’accueillir 3,9 millions de travailleurs étrangers, soulignant que la réinvention du modèle social et économique serait incontournable. Le dirigeant des grandes entreprises a exprimé son désarroi, qualifiant de «très désolant» le fait que son syndicat n’ait pas été consulté par les partis politiques. Il a souligné que cette décision impacte directement le sort de milliers de travailleurs immigrés, une population largement présente en France. Cette déclaration du président du Medef met en lumière les tensions entre les acteurs économiques et la classe politique, illustrant les enjeux cruciaux liés à la politique migratoire pour le monde du travail en France.

«Compétences exclues : FrancoTunisiens absents du débat sur la loi immigration, malgré un potentiel constructif»

Malgré leur compétence sur plusieurs fronts, les Franco-Tunisiens se retrouvent exclus du débat politique et médiatique sur la loi immigration. Leur expérience pourrait pourtant offrir des solutions constructives. Cette exclusion contraste avec les efforts de la France en Tunisie, soulignés par l’ambassadrice Anne Guéguen, mettant en lumière l’intensité de la coopération francotunisienne dans divers domaines. La coopération universitaire et scientifique, avec un budget conséquent et des efforts pour faciliter la circulation des personnes, dépeint une réalité fructueuse de la relation bilatérale.
Cependant, les Franco-Tunisiens se sentent peu pris en compte dans le contexte de la loi immigration, malgré leur contribution potentielle sur le plan socioéconomique dans leur pays d’accueil.
Dans ce climat, la crainte de l’avenir s’installe parmi les Tunisiens en France, incitant certains à envisager le retour au pays. Des solutions d’aide, comme la préparation de retour en Tunisie par l’OTE, cherchent à accompagner les compétences tunisiennes à l’étranger, fournissant des services administratifs, une médiation sociale, et un soutien aux changements de situation.

«Défis migratoires francotunisiens : pour une réflexion urgente sur l’inclusion et le retour au pays»

La situation des Franco-Tunisiens face à la loi immigration soulève des interrogations sur l’avenir de notre communauté, alors que la coopération entre la France et la Tunisie évolue dans d’autres domaines, générant tensions et sentiments de marginalisation au sein de la diaspora tunisienne en France.
Dans un contexte où la France semble vaciller dans sa capacité à offrir un climat de sécurité et d’inclusion aux binationaux et migrants tunisiens, des acteurs appellent à une réflexion sérieuse sur le bien-fondé de cette situation. Ces individus, qui jouent un rôle crucial dans le rayonnement culturel, économique et scientifique de la France, sont confrontés à des défis croissants. La question devient alors pressante : si la France ne peut plus assurer un environnement accueillant, la Tunisie doit envisager activement le retour de ses compatriotes. Un tel rapatriement, loin d’être un désavantage, est perçu comme une opportunité majeure pour renforcer le pays.
La binationalité, souvent considérée comme une richesse socioéconomique et culturelle, doit être au cœur des préoccupations des deux rives. Il est impératif de reconnaître et de valoriser cette dualité d’identité, source de contribution significative à l’épanouissement des deux nations. Cette perspective met en lumière les enjeux cruciaux liés à l’intégration et à l’acceptation des communautés migrantes, soulignant la nécessité d’une réflexion commune pour favoriser un dialogue constructif entre la France et la Tunisie.

Par Refka CHAIBI – Paris

Charger plus d'articles
Charger plus par Refka CHAIBI
Charger plus dans Actualités

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *